Augmenter un loyer, ce n’est pas appuyer sur un simple bouton, même si locataire et propriétaire s’entendent parfaitement. La loi ne laisse rien au hasard : délais, clauses du contrat, indices officiels, tout doit passer au tamis de la réglementation. La moindre approximation peut faire voler en éclats la hausse envisagée ou déclencher une bataille juridique. Manquer une étape, c’est s’exposer à des sanctions parfois lourdes pour le bailleur, ou à devoir rembourser un locataire qui aurait payé trop.
Ce que dit la loi sur l’augmentation des loyers : droits et limites pour propriétaires et locataires
Augmenter un loyer ne s’improvise pas : tout commence par une clause précise dans le bail, sans laquelle la révision annuelle reste interdite, même si l’IRL publié par l’Insee grimpe en flèche. Si cette clause de révision existe, le propriétaire doit scrupuleusement se caler sur la date anniversaire du contrat et appliquer la dernière valeur officielle de l’indice.
L’encadrement des loyers impose des limites strictes en zone tendue (Paris, Lyon, Bordeaux, etc.), où la hausse ne peut dépasser un certain seuil. Ailleurs, la marge de manœuvre s’élargit un peu, mais reste balisée par la loi Alur et la loi Climat et Résilience : la variation de l’IRL reste la seule référence, et depuis 2022, tout logement classé F ou G au DPE voit son loyer gelé.
Voici les points à surveiller de près pour respecter la réglementation :
- La date de révision inscrite au contrat fait foi : impossible de rattraper une hausse oubliée après un an.
- Le calcul de l’augmentation doit toujours se baser sur l’évolution de l’IRL sur douze mois, pas un centime de plus.
- En zone tendue, la préfecture fixe chaque année le loyer de référence à ne pas dépasser.
En cas de litige, la commission départementale de conciliation peut intervenir avant que le dossier ne finisse au tribunal judiciaire. La loi veille à protéger le locataire contre toute dérive, tout en fournissant au propriétaire un cadre sécurisé pour revoir le montant du loyer.
Dans quels cas l’augmentation du loyer est-elle possible ?
Plusieurs situations ouvrent la voie à une augmentation : la plus courante, c’est la révision annuelle prévue dans le bail, qui s’appuie sur l’indice de référence des loyers (IRL) publié chaque trimestre. Si le contrat ne contient pas cette clause, le montant reste figé jusqu’à la fin du bail.
Au renouvellement du bail, le propriétaire peut demander une réévaluation s’il prouve, comparatifs à l’appui, que le loyer est inférieur à ceux du quartier pour un logement équivalent. Là encore, la procédure est millimétrée, surtout en zone tendue : la hausse reste plafonnée et doit s’appuyer sur la loi Alur.
Autre cas : des travaux d’amélioration réalisés pendant la location. Isolation renforcée, rénovation énergétique, nouveaux équipements collectifs… si la transformation profite au locataire, une majoration exceptionnelle, proportionnée à l’avantage apporté, peut être ajoutée, via un avenant au contrat.
En cas de changement de locataire, le propriétaire peut réajuster le montant, à condition de respecter les plafonds locaux. Enfin, l’ajout d’un complément de loyer pour des caractéristiques rares (vue, prestations haut de gamme) reste l’exception, strictement surveillée par la loi.
Étapes clés pour appliquer une hausse de loyer en toute légalité
Respectez la clause de révision inscrite au bail
Avant toute démarche, vérifiez l’existence d’une clause de révision dans le bail : c’est le socle de toute hausse possible. Sans cette mention, la procédure s’arrête net. La date anniversaire du contrat marque le moment où la demande de révision peut s’appliquer. Dépasser ce délai, c’est perdre la hausse pour l’année écoulée.
Deux étapes concrètes à suivre :
- Identifiez précisément la date de révision mentionnée dans le bail.
- Utilisez la valeur de l’IRL correspondant au trimestre de référence inscrit dans le contrat pour calculer le nouveau montant.
Informez le locataire selon les règles
La notification d’augmentation ne se fait jamais à la légère. Il faut rédiger un courrier recommandé avec accusé de réception, détaillant l’ancien et le nouveau loyer, la date d’application, la référence de l’indice utilisé et le calcul justificatif. Cette clarté dans la communication limite les risques de contestation.
Maîtrisez les plafonds et l’encadrement
En zone tendue, la hausse reste strictement limitée à la variation de l’IRL. Ailleurs, les marges sont comparables, mais des règles différentes peuvent s’appliquer selon les villes ou les caractéristiques du logement. La loi Climat et Résilience, tout comme la loi Alur, peut imposer des restrictions supplémentaires, notamment pour les biens énergivores ou en période de gel des loyers.
Préparez chaque étape avec précision, archivez vos calculs : cette rigueur protège le bailleur et sécurise l’ensemble du processus.
Risques et recours en cas d’augmentation non conforme
Le moindre faux pas dans la procédure d’augmentation ouvre la porte à la contestation. Une clause absente, un délai dépassé, une hausse qui excède l’IRL : autant de failles qui peuvent tourner à l’affrontement. Le locataire n’est jamais sans recours pour défendre sa position.
Le dialogue reste la première issue : une explication transparente sur la méthode de calcul ou sur l’indice utilisé permet souvent de désamorcer le désaccord. Si la discussion ne suffit pas, la commission départementale de conciliation peut être saisie pour tenter une solution amiable avant d’aller plus loin.
Si le conflit persiste, le dossier peut finir devant le tribunal d’instance. Le locataire dispose d’un délai de trois ans après notification pour agir. Le juge passera alors à la loupe le respect du bail, la conformité du calcul et l’absence de toute majoration excessive. Le propriétaire, en cas d’erreur, devra rendre les sommes indûment perçues et peut faire face à des sanctions.
Les démarches ouvertes au locataire sont claires :
- Contester l’augmentation par courrier recommandé, puis saisir la commission ou le juge si besoin.
- Demander le remboursement des sommes versées à tort en cas de hausse injustifiée.
Chaque étape requiert précision et transparence : négliger la règle, c’est risquer de transformer une simple formalité en parcours du combattant, et d’alourdir la note pour le bailleur. La loi trace une limite nette, et l’administration veille au respect du cadre.
Face à la procédure, à chacun de se montrer rigoureux : la législation sur les loyers ne laisse place à aucune improvisation. Le moindre pas de côté, et la mécanique bien huilée de la location peut vite grincer.


